(Tissu et acrylique sur bois 100 x 110 cm, 2004.)

(Tissu, acrylique, papier, encre de Chine et autres médiums sur bois)

Entre le ménage, la vaisselle et le soin aux enfants, les femmes de la génération qui nous a précédée s'exprimaient souvent par le médium du tissu. À la fin de sa vie, ma mère m'a légué un coffret qui contenait diverses chutes de cotonnades imprimées ou unies, plusieurs déjà taillées en centaines de petits carrés (10 x 10 cm), attendant d'être assemblées en courte-pointe ou en pointes folles. Elle voulait sans doute me transmettre le goût de poursuivre son «ouvrage» de couturière.

Je me suis mise à peindre...

... à partir de collages de ces tissus à motifs sur des supports de bois. Le motif du tissu choisi m'indiquait le chemin à suivre. Au cours cette démarche, je me suis vite rendu compte que je peignais un peu comme on brode... point par point ... élaborant patiemment mon «ouvrage». Insérés dans des cadres-boîtiers, les tableaux réalisés (50 x 33 cm) se sont transformés en autant de petits autels érigés en hommage à la grâce de ma mère. Trois tableaux de plus grand format (100 x 110 cm) se sont ajoutés à cette production.

Puis, je me suis mise à coudre

Suspendus, flottant dans l'espace, les tableaux-objets offriront au premier regard leur verso: tracés à l'encre blanche sur carton noir, des portions d'un patron pour confectionner une robe-layette, grandeur: 6 mois. L'installation comprendra également 5 à 6 versions de couleurs différentes (une blanche, une bleue, une rouge, une verte... une noire) de cette robe-layette exagérément allongée (satin et tulle). C'est en se promenant dans la salle qu'on découvrira la face peinte de chaque tableau réalisé à partir d'un collage de cotonnade imprimée ainsi que les tableaux de plus grand format.

Mon intention première était d'aborder picturalement, à partir de son médium, le monde de la couture qui a passionné maman toute sa vie durant. L'installation proposée met en relief les deux facettes, en apparence opposées, de la personnalité de ma mère, femme rangée et traditionnelle mais aussi, femme audacieuse et fantaisiste. Ce projet intimiste trouve sa place dans ma démarche artistique à travers la dialectique qu'opèrent certaines oppositions telles que la raison et la fantaisie, la réserve et l'audace, l'action et la méditation et, finalement... la vie et la mort.De façon plus générale, j'aborde les thèmes de la tradition et de la transmission dans ce qu'ils ont d'ouverts à la créativité.

Des millions de petits points auront parsemé sa vie de grande amoureuse

• Projet d'exposition (PDF)

• Démarche artistique et lien avec le projet (PDF)

• Revue de presse: article sur le projet Tressons nos liens, journal Droit de Parole, déc. 2006 (PDF)

Présentation de l'installation

La pièce majeure Tressons nos liens, femmes en solidarité est constituée de plus de 3,026 paires de bas de nylon (soit 6,052 bas) qui ont été collectés auprès de centaines de femmes. Ces bas ont été tressés et assemblés par d’autres femmes pour constituer une chaîne de solidarité autour de la Charte mondiale des femmes pour l’humanité.

Deux autres éléments font partie du corpus de l’exposition:
• la Catalogne de ma mère, une murale sur laquelle les visiteuses et les visiteurs peuvent intervenir à certains moments; et
• une vidéo intitulée Tressons nos liens… qui témoigne de cette démarche participatoire d’art social qui aura duré 3 ans et mobilisé plusieurs organismes et plus de cent femmes.

Cet ensemble s’inscrit dans un engagement cherchant à lier l’art et les droits humains, la création et la tradition. L’oeuvre amalgame un matériau sexué recyclé, le bas de nylon, et une technique traditionnelle maîtrisée universellement surtout par les femmes, le tressage. Elle se déploie dans un agencement modulaire de formes, elles aussi associées traditionnellement à un métier de femmes, la vannerie. Dans leur diversité, ces formes rondes rendent compte de l’ingéniosité et de la créativité des femmes dans l’entretien, la protection et la transmission de la vie. L’installation exprime la solidarité que les femmes en cheminement ont entre elles par le cordon rouge sang qui relie les formes les unes aux autres, tout en se prêtant aux postures souples et variables qu’elles peuvent prendre.

En associant à la Charte mondiale des femmes pour l’humanité le matériau, la technique et les formes, l’oeuvre en transmute le sens dans le creuset de la solidarité mutante des femmes d’aujourd’hui. Cette solidarité s’est infiltrée dans l’oeuvre, comme par osmose, à travers les gestes de plus de cent femmes qui ont participé au tressage depuis 2005. Cette installation se présente comme le troisième volet d’une trilogie commencée en 1998, en appui à la Marche mondiale des femmes contre la pauvreté et la violence, avec la Robe du millénaire, installée de 2001 à 2007 dans l’espace public des Façades de la gare (Québec). Elle s’est poursuivie, à compter de 2001, en appui à la Convention relative aux droits des enfants, avec Liane Nord-Sud qui jouxte en permanence la Bibliothèque Gabrielle-Roy, dans l’atrium du Complexe Jacques-Cartier (Québec).

La Charte mondiale des femmes pour l'humanité

Adoptée le 10 décembre 2004 à Kigali au Rwanda par la Marche mondiale des femmes, la Charte mondiale des femmes pour l'humanité a pour but de revendiquer le droit à un monde meilleur. Elle propose de construire un monde où l'exploitation, l'oppression, l'intolérance et les exclusions n'existent plus, où l'intégrité, la diversité, les droits et les libertés de toutes et de tous sont respectés. Ce monde est basé sur l'égalité, la liberté, la solidarité, la justice et la paix.
Pour en savoir plus: www.marchemondiale.org